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la racine carree

de l'utopie

Depuis quarante ans, sculpteur, je joue avec les formes, les matières et l’espace. Au début la femme, tendre, voluptueuse, mère ou muse, nourrit mon inspiration. Du nu sensuel magnifié par le bronze et les patines, dans la lignée de Brancusi et de la sculpture post-moderne, je me tourne progressivement vers des formes archétypales, dans l’esprit de l’abstraction lyrique.

 

Au fil des années, ma culture méditerranéenne et espagnole, nourrie par mon vécu en Franche-Comté, terre de l’utopie, me permet de développer une écriture caractérisée par l’insertion de chiffres et formes géométriques abstraites, inhérents à l’héritage arabe.

 

Je grave et cisèle dans le bronze des éléments calligraphiques, j’imbrique les chiffres « accomplis », le 3 et le 5. Les chiffres de l’utopie ? Impossible de se soustraire à cette dimension dans le berceau de Proudhon, de Fourier, de la philosophie utopiste de l’architecte Claude Nicolas Ledoux, initiateur des célèbres salines d’Arc-et-Senans, où j’ai eu l’honneur d’exposer. Peut-être suis-je à la recherche de la racine carrée de l’utopie, combinant les chiffres avec ma forme favorite depuis 2004 : le carré ?

 

Ma recherche actuelle s’oriente vers différents types de bois, tels que les poutres de charpente ou les traverses de rails de trains en fin de vie. Ils matérialisent, avec leurs veines, le poids du vécu dont ils portent les strates. Questionnement fondamental sur l’avant et l’après, cheminement au rythme de l’utopie, celui qui permet à l’artiste de transformer ce qui est voué à la destruction.

 

J’explore l’altuglas, l’acier, le bois, la pierre, le marbre et la pâte de verre, ouvrant mon champ d’expérimentation à des combinaisons de matériaux, volumes, écritures, inclusions et installations mobiles. Le métal utilisé est un alliage spécifique traité par une fonderie au service de l’industrie aéronautique. Il est gravé, ciselé, parcouru de jeux de calligraphies évoquant la communication avec l’autre, l’inconnu et l’infini.

 

Mon travail utilise des matériaux variés car il explore plusieurs corpus de la tradition, de la pensée mystique. Il se veut un cheminement autour de la métamorphose et de la résurrection. L’altuglas est un verre synthétique, « l’artificiel utile ». C’est le futur, en opposition avec le bois symbolisant le passé. Les poutres de charpente sont le trait d’union entre la vie, la mort, ce qui survient après : la finitude d’un cycle et l’infinitude de la vie, magnifiée par les calligraphies et inclusions sur plaques de verres.

Antoine Aranda

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